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Guga n’a pas changé

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Sacré roi de Roland-Garros à 3 reprises, le Brésilien Gustavo Kuerten désormais âgé de 38 ans, dirige sa fondation, élève ses enfants et fait partie du comité d’organisation des JO de Rio 2016.

La première fois que Gustavo Kuerten a découvert Roland-Garros, c’était en 1992. Le Brésilien avait 15 ans. Avec un groupe de juniors, il a pris le métro avant que Larri Passos, son entraîneur de toujours, ne vienne les récupérer sur le quai. “Nous avons marché, on ne trouvait pas les courts, puis on a commencé à voir de plus en plus de monde, à sentir l’odeur du tournoi, se souvient le Brésilien. Arrivé à la porte du stade, le gardien ne voulait pas nous laisser rentrer. Alors Larri nous a dit de mettre beaucoup de sable sur nos chaussettes pour ressembler à de vrais joueurs de tennis. C’est aussi lors de ce tournoi que j’ai compris ce qu’était le tennis professionnel et que j’en suis tombé amoureux”. Cinq ans plus tard, Kuerten remporte son premier Roland-Garros, pour sa 2e participation. Vêtu de jaune, avec son bandeau sur la tête, le longiligne Brésilien domine Muster au 3e tour, puis Kafelnikov en quart et Bruguera en finale (6/3, 6/4, 6/2). Il récidivera en 2000 face à Norman, puis en 2001, devant Corretja. “Ma vie est devenue magique sur ce court Philippe Chatrier, j’y ai tant de bons souvenirs, j’aime revenir ici, avoue “Guga” qui a remis le trophée à Wawrinka en juin dernier. Je suis parfois surpris par cet engouement, cette gentillesse envers moi, que le public se souvienne autant de mes victoires ici. Mais peut-être que les gens savent qu’ils ont fait partie de ces succès, que leur soutien y a contribué. Je me souviens aussi de ma victoire au 3e tour en 2004 contre Federer, une grande performance au moment où mon niveau de tennis n’était plus aussi bon. J’avais réussi à mieux jouer que prévu et d’une certaine façon j’avais pu contrôler Roger qui était le n°1 de l’époque. C’est mon dernier grand souvenir ici car Roger était déjà bien meilleur que moi (rires)”. Le càur dessiné sur la terre battue parisienne en 2001, sa gentillesse, son sourire communicatif, son fair-play et son formidable revers à une main expliquent cette incroyable popularité.

LES EPREUVES DE LA VIE

Mais réduire Gustavo Kuerten à ses 3 succès parisiens serait injuste tant le natif de Florianopolis a marqué son époque. Numéro un mondial en juin 2000, vainqueur de 20 titres en carrière, quart de finaliste à Wimbledon et à l’US Open, Kuerten, retraité en 2008, développait un jeu aussi complet que flamboyant, n’hésitant jamais à venir conclure les points au filet. Malgré son sourire éternel, le Brésilien a su sortir plus fort des épreuves de la vie. Aldo son père, est mort lorsqu’il avait 8 ans, en arbitrant un match de jeunes. Sa mère Alice, a alors dû élever seule ses 3 fils dont l’un était handicapé. “Mon grand-frère Rafael a arrêté le tennis vers 15-16 ans pour me laisser essayer car nous n’avions pas assez d’argent pour que les deux puissent jouer, se souvient le Brésilien. Donc, il s’est en quelque sorte sacrifié pour moi. Ensuite, ma maman qui était assistante sociale, a vendu la voiture, le piano, elle aurait vendu notre maison si cela avait été nécessaire. Mais ça m’a donné une force incroyable quand les matchs étaient accrochés. Pareil, quand je voyais mon frère Guilherme qui ne pouvait pas se servir de ses jambes mais qui était toujours content, dans son fauteuil roulant, parce qu’il avait juste la force de tenir une fourchette”. Aujourd’hui, le Brésilien mène une vie tranquille de père de famille auprès de sa fille Maria Augusta (3 ans) et de son fils Luiz Felipe (2 ans), tandis que sa fondation aide 700 enfants et qu’il construit une école de tennis au Brésil, tout en participant au comité d’organisation des Jeux Olympiques de Rio 2016. Sans oublier quelques opérations de relations publiques pour ses sponsors comme Lacoste ou Hublot : “Je suis sensé être retraité mais en vérité je travaille beaucoup, sans doute pour compenser le manque de ne plus être sur les courts”. Car en raison de problèmes récurrents à la hanche et malgré une opération il y a deux ans, Kuerten ne peut plus jouer au tennis, même sans forcer et pour le simple plaisir. Pourtant, deux heures par jour, Guga fait des exercices pour pouvoir retaper la balle : “J’adorerais à nouveau ressentir ces sensations”.