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Victor Pecci – Le Ténébreux

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Finaliste de Roland-Garros 1979 après avoir poussé Borg dans ses retranchements, le Paraguayen Victor Pecci est devenu ministre des sports en 2013.

Sans réduire sa carrière à ce seul épisode, Victor Pecci, c’est d’abord une fantastique épopée à Roland-Garros. En 1979, le Paraguayen domine successivement Jauffret, Slozil, Barazzutti et Solomon. Puis en quart, il expédie Guillermo Vilas (6/0, 6/2, 7/5) avant de s’offrir Jimmy Connors en demi (7/5, 6/4, 5/7, 6/3). Le soir même, les deux hommes dînent ensemble. Une autre époque. En finale, Pecci offre une superbe résist”nce à l’invincible Bjテカrn Borg vainqueur (6/3, 1/6, 7/6, 6/4), du 4e de ses 6 titres Porte d’Auteuil. Entre le défenseur intraitable et l’attaquant de talent, on assiste à une parfaite opposition de styles. Mais Victor Pecci doit prendre de tels risques pour déborder le Suédois… Malgré sa défaite, le Paraguayen séduit par son jeu offensif porté par une première balle puissante, subtil à la volée, raccourcissant les échanges par des amorties, utilisant les approches de revers slicés pour venir au filet. Avec en plus un déplacement plus que correct pour son gabarit. Et côté look, le natif d’Asuncion n’est pas en reste : teint mat, regard de velours, diamant dans l’oreille et carrure longiligne du haut de son 1,93m. Les femmes en raffolent ! Deux ans plus tard, en 1981, le Paraguayen parvient à nouveau en demi-finale à Roland-Garros après avoir sorti un certain Yannick Noah. Mais en demi-finale, Borg ne lui laisse aucune chance. 

Sa vie est un roman

Vainqueur de 10 titres au cours de sa carrière (dont Nice en 1979), n°ー9 mondial en avril 1980, Pecci reste une légende du sport paraguayen. Désigné en 2011 meilleur sportif de l’histoire de son pays, Pecci s’était alors fâché avec José-Luis Chilavert. Car l’ancien gardien de l’équipe nationale de football avait regretté qu’on donne ce prix à quelqu’un ” qui n’avait même pas remporté un titre en Grand Chelem “. Retiré des courts en 1990, au lendemain de la lourde défaite (5-0) concédée par son pays face au Canada en demi-finale de la zone américaine (groupe 1) de Coupe Davis, Pecci va connaître une reconversion aussi dense qu’accomplie. Il partage d’abord sa vie entre Miami et Asuncion, la capitale du Paraguay où il possède une académie de tennis. “J’ai été le coach de Rossana De Los Rios (victorieuse de Roland-Garros juniors en 1992) et, automatiquement, je suis devenu capitaine de Fed Cup de 1992 à 1994. Ensuite, je me suis occupé de Ramon Delgado (52e mondial en 1999) avec qui je voyageais pas mal sur le circuit jusqu’en 2002″, expliquait-il dans l’Equipe. Vainqueur du Trophée des Légendes à Roland-Garros en 2004, Victor Pecci fut également capitaine de l’équipe nationale de Coupe Davis. Propriétaire de restaurants, représentant de la marque Dunlop, cette vedette a même eu son propre show télé chaque samedi, en prime time sur la deuxième chaîne : ” Oui, mais c’est fini. Les producteurs n’étaient pas des flèches. Alors j’ai dit ciao. L’émission avait un titre marrant, mais je ne m’en souviens même plus. ” 

Des courts au Ministère

Encore plus étonnant, l’ancien tennisman est devenu ministre en 2013 à l’invitation du président Horacio Cartès, un riche homme d’affaire du Parti Colorado. Pecci a rencontré le Président Horacio Cartès alors qu’il était encore le président de Libertad, l’un des plus grands clubs de football du Paraguay. Cartès, également dirigeant de la fédération, l’avait « invité au Mondial en Afrique du Sud (en 2010). C’est là qu’on a bien fait connaissance. Pendant la campagne électorale en 2013, il m’a proposé d’être ministre des Sports et j’ai accepté », raconte Pecci dans Ouest France. Avant d’ajouter : « C’est un défi. On cible les enfants défavorisés qui n’ont pas les moyens de faire du sport. Jusqu’ici, on a attiré 15 000 jeunes et l’objectif est d’arriver à 100 000 ». Depuis son bureau du ministère, il aperçoit le stade couvert de 5 000 places qui a accueilli le fameux Paraguay-France, au premier tour de Coupe Davis en 1985. Yannick Noah et Henri Leconte s’étaient alors inclinés 3/2 dans une ambiance ultra-chaude, presque hostile : les Français avaient été bousculés, insultés. Mais aujourd’hui, Victor Pecci, 59 ans, ne joue quasiment plus : « J’ai de l’arthrose au dos et aux genoux, une hernie discale, plaisante ce fils d’un éminent médecin. Mais ce sont les risques du métier ».

 

Texte : Baptiste Blanchet // Photo : Croes, Rob C. / Anefo