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Roger Federer est-il le plus grand joueur de l’histoire?

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À chaque nouveau record battu, la question revient inévitablement : roger federer est-il le plus grand champion de tennis de tous les temps ? Son récent titre à wimbledon (le septième) et son retour au rang de n°1 mondial où il aura passé plus de temps que pete sampras, forcent le respect. Plus qu’aucun autre joueur sans doute, federer a écrasé sa discipline. D’un côté, son jeu fluide et complet, ses coups de génie sortis de nulle part, de l’autre son fair-play, son flegme naturel et sa classe, qui ne l’empêchent pas d’exprimer sa rage, en font un magnifique joueur. Mais est-ce suffisant pour en faire l’ultime champion ? Éléments de réponse.

Un record de records

  • N°1 mondial pendant 292 semaines (au 20 août 2012). C’est mieux que Pete Sampras (286) Lendl (270), Connors (268) ou McEnroe (170). 
  • Dans le top 2 à l’issue de la saison huit années de suite  (2003-2010). Un record de régularité au sommet.
  • 17 Grands Chelems (Sampras 14, Emerson 12, Nadal, Borg et Laver 11), pour un palmarès riche de 76 titres. 7 Wimbledon, 5 US Open, 4 Open d’Australie et 1 Roland Garros.
  • 24 finales en Grand Chelem, dont 10 consécutives ! 32 demi-finales.
  • À trois reprises Roger Federer a remporté trois tournois majeurs dans une année (2004, 2006 et 2007). Laver, Connors, Wilander, Nadal et Djokovic ne l’ont réussi qu’une fois. 
  • Cinq titres consécutifs dans deux Grands Chelems différents (Wimbledon et US Open). 
  • 6 victoires aux Masters
  • 21 titres en Masters 1000 (comme Nadal)
  • Une série de 24 victoires consécutives en finale de tournois.
  • Record de points au classement : 8370 points fin 2006, soit environ 15 745 pts avec le système de calcul actuel.
  • Ce que les champions disent de lui :

« Roger Federer est pour moi le meilleur joueur de tous les temps, s’il en est un »,  Rod Laver, auteur d’un Grand Chelem en 1962 et 1969, lors d’une interview cette année.

« Roger est le meilleur joueur de l’histoire ». Rafael Nadal en 2007.

« Roger domine le jeu plus que je ne l’ai jamais fait » Pete Sampras en janvier 2009.

« C’est un tel plaisir de le voir jouer. Il n’a tout simplement plus aucun défaut. Pour moi, Federer est le bon modèle à suivre pour quiconque aspire à devenir un joueur de tennis. Ses coups se sont améliorés, il peut frapper à peu près n’importe quel coup de n’importe quel endroit du court. » Bjorn Borg, après les victoires de Federer en finale à Roland Garros et Wimbledon 2009.

« [Dans le tennis actuel], vous êtes soit un spécialiste de la terre battue, soit un spécialiste du gazon, soit un spécialiste des surfaces dures…ou vous êtes Roger Federer. » Jimmy Connors

Des matchs de légende

Bien qu’ encore en activité, le Suisse a déjà marqué de son empreinte les années 2000. Petit aperçu en quelques dates.

2001 : Passation de pouvoir à Wimbledon

Sa victoire sur Sampras en huitième de finale est sans doute le symbole de son arrivée au sommet de la hiérarchie. Bien que sa domination n’ait vraiment débutée qu’en 2003. A l’époque, âgé de seulement 19 ans, il remporte sur le Centre Court une victoire de prestige lors d’un match accroché en cinq sets : 6-7, 7-5, 4-6, 7-6, 5-7.  Avant d’affronter le Suisse, l’Américain n’avait perdu qu’un seul match en huit ans à Wimbledon (victorieux en 1993,94, 95,97,98,99,2000 !) 

2008 : Défaite mythique à Londres face à Nadal

Près de 30 ans après le légendaire Borg-McEnroe, la finale 2008 du plus prestigieux tournoi du monde a sans doute autant marqué les esprits. Après l’avoir battu en 2006 et 2007, ce dimanche 6 juillet, Federer retrouve encore une fois Nadal sur sa route. Une tragédie en cinq acte. Pendant plus de 4h40, Roger lutte. Mené deux manches à rien, il revient. Porté par un public acquis à sa cause, il remporte le troisième set, puis le quatrième à l’issu d’un 
tie-break d’anthologie… Nadal mène 5/2 service à suivre, puis 7/6, 8/7… D’un service gagnant puis d’un incroyable passing de revers bloqué long de ligne, Federer écarte deux balles de tournoi. Au terme d’un match fou (6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7), festival d’aces, volleys, lobs, passing-shots et autres coups de squash en rupture, interrompu trois fois par la pluie et terminé dans la pénombre, Federer finit par céder dans son jardin après avoir sauvé une troisième balle de match. Au bout du suspense, Nadal tombe à terre et exulte. Il fait nuit. Les photos des trophées sont prises dans le noir. 

Roland Garros 2009 : Le grand chelem en carrière

De l’ombre à la lumière, un an après, Federer prend la plus belle des revanche en remportant Roland Garros face à Soderling (6/1, 7.6, 6/4), tombeur surprise de Rafael Nadal. Après une demi-finale haletante gagnée à l’expérience contre Del Potro. Dans la foulée, il livre un nouveau match d’anthologie face à Roddick en finale de Wimbledon (5-7, 7-66, 7-65, 3-6, 16-14). Sixième titre pour « Rodgeur », au sommet de son art. 

2012 : L’ élève dépasse le maître

Été 2012, le dernier record, au combien symbolique, celui de la longévité au rang de n°1 mondial, détenu par Pete Sampras (286 semaines), tombe à son tour. La star a dépassé le maître des années 90. Et sans doute tous les autres avec lui.

Nadal, l’épine dans le pied

Aucun autre joueur ne semble donc pouvoir challenger son titre de meilleur joueur de tous les temps. A part peut-être Rafa…

Une seule victoire face à Nadal à Roland Garros eut sans doute suffit à faire taire les critiques. À Nadal, le titre de roi incontesté de la terre, à Federer de dieu du tennis… Il restera sans doute qu’un Nadal, s’il avait été épargné par les blessures, le retirant du circuit parfois plus de quatre mois …aurait pu détrôner le maître. Pour les puristes, son sacre en 2009 face Söderling a forcément un goût d’inachevé. Car si Nadal n’a pas son palmarès, il a presque tout gagné (y compris l’or olympique). Mieux, il l’a généralement dominé. Les statistiques sont implacables, Nadal mène 18 victoires à 10 lors de leurs face-à-face. Plus accablant, son ratio est de 7 victoires à 2 dans leurs confrontations en Grand Chelem. Dernière victoire, il y a cinq ans.

Mais c’est aussi ce qui rend son œuvre encore plus belle ! Car établir de tels records en ayant eu une concurrence en carrière aussi forte (Nadal, mais aussi Djokovic, Agassi, Sampras, Safin,  Roddick,…) est sans doute unique dans l’histoire du tennis.

  • 2012 -Open d’Australie (Dur) – Demi-finales NADAL 6-7 6-2 7-6 6-4
  • 2011 -Roland Garros (Terre battue) – Finale NADAL 7-5 7-6 5-7 6-1
  • 2009 -Open d’Australie (Dur) – Finale NADAL 7-5 3-6 7-6 3-6 6-2
  • 2008 -Wimbledon (Gazon) – Finale NADAL 6-4 6-4 6-7 6-7 9-7
  • 2008 -Roland Garros (Terre battue) – Finale NADAL 6-1 6-3 6-0
  • 2007 -Wimbledon (Gazon) – Finale FEDERER 7-6 4-6 7-6 2-6 6-2
  • 2007 -Roland Garros (Terre battue) – Finale NADAL 6-3 4-6 6-3 6-4
  • 2006 -Wimbledon (Gazon) – Finale FEDERER 6-0 7-6 6-7 6-3
  • 2006 -Roland Garros (Terre battue) – Finale NADAL 1-6 6-1 6-4 7-6
  • 2005 -Roland Garros (Terre battue) – Demi-finales NADAL 6-3 4-6 6-4 6-3
  • Il lui manque :

Réaliser le Grand Chelem sur une saison. Ce qu’aucun joueur n’est parvenu à faire depuis Rod Laver en 1969, et qu’il a raté pour un seul match, à deux reprises (2006 et 2007). En échouant à Roland Garros contre Nadal.

Les Masters 1000 de Monte-Carlo et Rome. Roger ayant remporté 7 des 9 tournois de cette catégorie.

Un titre aux Jeux Olympiques. Il a cependant décroché l’or en double à Pékin en 2008, associé à Wawrinka.

Une coupe Davis.

Et peut-être le plus important : une victoire à Roland Garros face à Nadal, son éternel rival.

L’orgueil du champion

Si Federer est un gentleman, Roger veut prouver à lui-même et au monde entier qu’il est le meilleur, sur tous les registres. En prenant, au passage un malin plaisir à défier ses adversaires sur leurs points forts. Un exemple ? A l’Open d’Australie 2010, face Andy Murray, prince de la variation, du changement de rythme et du contre, la réponse du Roi Roger est cinglante : slices, lifts, amortis, balles sans consistance, accélérations dévastatrices, variation au service, touché à la volley… Le récital du maestro renvoie le jeune écossais à ses études. En démi contre Tsonga, il avait déjà procédé à une agression en règle, cette fois-ci lors d’un bras de fer entre puncheurs. 

Ce moteur, empreint d’une certaine forme de vanité le fait aussi avancer. Quitte à faire de mauvais choix. Comme essayer de battre Rafa à son propre jeu à Roland Garros, en vain. Cette approche tactique lui ayant même valu une fessée mémorable en 2008 (1/6 – 3/6 – 0/6 !). Et que dire de sa défaite en quart de finale à l’US Open il y a deux semaines contre Berdych (7/6 6/4 3/6 6/3) : au lieu de varier et d’user de son revers slicé comme au 3e set, il s’est entêté à vouloir cogner plus fort et plus vite que le tchèque … et s’est heurté à un mur !

Dans ses propos, il paraît parfois condescendant. Comme lorsqu’il prédit, trophée du All England Club dans les mains, que Murray gagnera un jour un Grand Chelem, et pas qu’un seul. Volonté de consoler maladroite, manque de tact ou parole d’initié, voire de prophète : « tu verras petit… » ? Autre crime de lèse-majesté, certains soulignent son côté un brin mauvais perdant. Après sa cuisante défaite face à Berdych en 2010 à Londres, il invoque une excuse : « Je ne pouvais pas jouer comme je le souhaitais. Je souffre un peu du dos et de la jambe. J’ai eu ma chance, je n’ai juste pas assez bien joué. J’ai complètement laissé filé le match. »  Bis repetita après sa défaite en quart de l’US Open cette année, toujours contre le Tchèque… «Il a bien joué, MAIS, je l’ai laissé se mettre à l’aise, je n’ai pas mis une bonne balle en coup droit pendant un set et demi… ». En finale de Wimbledon cette année, il invoque des «choses compliquées» dans sa vie privée (allusion à la naissance de ses jumelles) pour expliquer ses contre-performances lors des dernières éditions…Mirka appréciera ! Autre exemple, interrogé sur l’émergence de Murray, vainqueur des tournois Bangkok, Tokyo et Shanghai en fin 2009, un peu mesquin, il minimise: « Je ne veux rien lui enlever MAIS la saison asiatique était-elle la plus difficile cette année ? Je ne suis pas sûr, Novak n’y était pas, moi non plus. » Car oui, Roger peut craquer. En 2008, il remet à leur place les parents Djokovic contestant une balle d’un marquant « be quiet ! OK ? », et lâche un furieux Shut up ! (La ferme!) à l’encontre des spectateurs de Roland Garros, hurlant pendant un point, lors de son quart de finale cette année.

La classe côté court, côté jardin

Mais cette part d’ombre n’est-elle pas la rançon de l’esprit de compétition à ce niveau ? Reconnu pour son fair-play, Federer peut par ailleurs se prévaloir d’être l’unique joueur de l’histoire à avoir remporter six fois consécutives le prix Orange à Roland Garros (joueur le plus sympa du tournoi!). Qualifié de joueur « classe » par excellence, il serait même presque trop « lisse » pour certains. 

Et cette classe s’exprime aussi sur le court. Alliant perfection et beauté du geste. Joueur complet, disposant d’une palette extrêmement large, FedEx est puissant, capable de délivrer de véritables gifles à tout moment ou des services chronométrés en moyenne autour de 200 km/h, et jusqu’à 220…Tout en impressionnant par l’extrême fluidité de son jeu – Djokovic le caricature à la manière d’un danseur de ballet !  « Il ne paraît pas très rapide mais il possède une coordination spectaculaire. Roger Federer fait tout bien et il économise ses mouvements de manière optimale. », explique son ancien préparateur physique, Paul Dorochenko. « Il anticipe davantage et frappe en douceur », analyse de son côté Rod Laver. Une esthétique qui  tient aussi à un certain goût du beau geste. Comme le rappelle une interview accordée cette année au quotidien suisse Le Temps :  « Je tenais à avoir mon propre style. Plus jeune, je regardais des joueurs monter au filet. Je trouvais ça tellement beau à voir, se souvient Roger. C’était des choses que j’appréciais aussi pour leur côté esthétique. Comme le slice. Ce n’est pas pour rien que ça a toujours été mon coup favori. » 

Son style de jeu associé à son mon mode de vie – il n’hésite pas à s’économiser en prenant de longs breaks pendant la saison – laissent encore à Federer et aux fans de tennis de belles heures devant eux.  Tout comme sa santé et sa quasi absence de blessures. Federer n’a pas manqué un tournoi du Grand Chelem depuis 13 ans ! 

Il reste donc encore un peu du temps à Roger, pour mettre tout le monde d’accord…

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